30.11.23
Résultat des fouilles archéologiques sur la phase 2 du parc d’activités Cœur de Nacre à Douvres-la-Délivrande
Dans le cadre de l’archéologie préventive (obligatiore en amont de tout projet d’aménagement) de la phase 2 du parc d’activités Cœur de Nacre, près d’une quinzaine d’archéologues du département ont fouillé les vestiges de fermes gauloises et antiques, pendant cinq mois d’avril à août, sous la direction de Vincent Le Quellec.
L’occupation de l’âge du Fer correspond à deux fermes dont les principaux bâtiments et les cours sont ceinturés par de profonds fossés.
Au nord, les fossés de délimitation mesurent entre 180 et 230 cm de large pour une profondeur d’environ 1 mètre. L’espace intérieur de l’enclos est ponctué de nombreuses structures : fosses, fours, des constructions matérialisées par des trous de poteaux et surtout un grand nombre de structures de stockage, équivalentes à nos caves. Ces structures domestiques sont riches en mobiliers (céramique, terre cuite, pierres brûlées) et en restes de coquillages marins. Dans ces conditions favorables, la faune est également bien conservée. L’exploitation des ressources littorales est attestée par la présence de nombreux fragments de godets à sel.
Au cœur de cet espace agricole, une personne a été enterré avec son armement (épée, bouclier et lance). Trouver ce genre de tombe est rare et atteste la présence d’un personnage important au sein de l’une des fermes. Sept autres corps ont également été inhumés dans les fossés de cette ferme.
Dans la partie orientale de l’emprise, les fossés mis au jour dessinent un ensemble complexe d’enclos accolés formant une vaste ferme. En vidant des portions de ces fossés, les archéologues ont mis au jour de la céramique qui semble dater de la même période que la ferme voisine. Il y a donc bien 2 fermes au sein de l’espace fouillé. Les fossés mis en évidence sur cette partie du chantier sont par endroit très impressionnants. Deux portions de fossés sortent clairement du lot. Ces fossés encadrent chacun l’entrée à un enclos. Ces entrées se reconnaissent par une interruption souvent étroite qui donne une impression monumentale. Cet aspect est accentué par la profondeur des fossés qui dépassent 3 mètres de profondeur et 4 mètres de largeur. Les énormes volumes de terre retirés de ces fossés ont servi à élever des talus sur lesquels une palissade était sûrement dressée. L’entrée elle-même pouvait comporter une porte ou une potence à la façon d’une entrée de ranch, décorée de crânes d’animaux, d’armes ou de crânes humains. Ces aménagements ne servaient pas à la défense puisque les fossés sur les côtés ou au fond sont bien plus petits. En revanche, l’effet recherché est d’impressionner les visiteurs. La personne, ou la famille vivant dans cette ferme, devait être suffisamment puissant et/ou riche pour imposer à d’autres personnes de creuser ce fossé pour lui et former le talus. Il faut imaginer un véritable chantier pour mettre en place un tel aménagement. Ici encore, on peut supposer sans trop se tromper qu’un personnage important, peut-être un chef, habitait cette ferme.
Comme dans l’enclos voisin, des structures de combustion, des fosses et des trous de poteaux ont été mis en évidence. On y retrouve aussi des godets à sel mais pas d’indice d’une production associée à ce sel. En revanche, l’artisanat est bien attesté sur le site puisqu’un four de potier a été reconnu.
Pour l’Antiquité, dans la continuité de l’implantation gauloise, le site semble se développer sous la forme d’un grand domaine de type villa. La pars urbana de la villa, c’est-à-dire la demeure du maître du domaine, se trouve probablement plus à l’est, hors emprise. La pars rustica (qui concentre les bâtiments d’exploitation et les maisons des ouvriers) concernée en partie par la fouille comporte des aménagements variés : fosses et fossés en particulier ainsi que deux bâtiments maçonnés. Quelques fragments d’enduits peints et un fragment de marbre taillé témoignent de décors aux murs. Un fragment de colonne nous indique aussi une architecture sophistiquée.
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